Le marché de l’immobilier face à la rénovation énergétique obligatoire des logements dont le DPE est classé E
Professionnels de l’immobilier, si vous louez des appartements ou maisons dont le DPE (diagnostic de performance énergétique) est à E, vous allez devoir passer à une rénovation énergétique de ce type de parc immobilier. En effet, à partir de 2034, il vous sera interdit de louer ces logements, un amendement vient d’être adopté dans ce sens... Amendement qui fait suite à l’obligation, dans le cadre du projet de loi Energie, de procéder à la rénovation énergétique des logements locatifs dont le DPE est à F avant 2028 et pour le DPE à G, avant 2025. Vous devrez donc vous mettre en conformité avec la loi si vous souhaitez continuez à exploiter le potentiel locatif de ce type de bâtiments...
L’AVIS DES PROFESSIONNELS DE L’IMMOBILIER
La proportion de logements aux DPE E, F et G à rénover
L’objectif affiché de ce projet ambitieux est bien sûr de lutter contre les « passoires énergétiques ». Si la plus grande partie de la profession a adhéré aux mesures prises pour les logements aux DPE F ou G, une certaine réticence s’affiche quant à l’extension de cette décision aux locations ayant un DPE en E avant 2034.
La somme des bâtiments locatifs ayant un DPE F ou G représente déjà près d’un quart des locations actuelles. Les bâtiments locatifs avec un DPE à E représentent un autre quart de ce type de logements... Ce qui signifie que d’ici à 2034, c’est quasiment la moitié des bâtiments locatifs privés qui devrait subir une rénovation énergétique.
Objectif impossible à atteindre selon les professionnels de l’immobilier
Selon l’avis général des professionnels de l’immobilier et des principales associations représentatives du métier, ce délai, de juillet 2021 à 2034, semble impossible à tenir pour la réalisation complète de la rénovation énergétique de quasiment la moitié des locations immobilières privées du pays. Le temps imparti pour la quantité de travaux à réaliser parait dérisoire et matériellement insuffisant pour une si importante proportion de logements (la moitié des logements locatifs privés).
LES CONSÉQUENCES POSSIBLES DE CETTE LOI SUR LE DPE
Les conséquences pour la population et les professionnels de l’immobilier
En premier lieu, cette mesure pourrait induire, chez les professionnels de l’immobilier, un abandon partiel du parc locatif de ce type de bâtiments. N’ayant matériellement pas les moyens, en termes de délais, de réaliser les rénovations énergétiques exigées, les professionnels redoutent un délaissement de ce créneau.
Ce désintérêt entraînerait sans nul doute une pénurie de logements locatifs privés, qui, compte tenu de la proportion qu’ils matérialisent, toucherait durement environ 5 millions de français. Les difficultés d’accès au logement locatif devraient donc s’accentuer dans les années à venir si cette mesure est maintenue.
Il faut savoir cependant que cette nouvelle loi s’accompagnera, dès le mois de juillet 2021, d’un nouveau mode de calcul du DPE, qui devrait beaucoup plus prendre en compte les caractéristiques propres au bâtiment pour résister à la déperdition d’énergie et plus les factures de consommation énergétique. Ainsi, le calcul devrait évoluer vers des critères plus justes qui vont profondément modifier le classement DPE actuel.
La proposition des professionnels de l’immobilier
Étant donné que les professionnels de l’immobilier sont d’accord pour procéder à la rénovation énergétique des logements locatifs aux DPE en F ou G, ils proposent d’attendre 2028 (date buttoir fixée pour la rénovation énergétique des bâtiments locatifs en DPE G), puis de faire le point avec les autorités afin de revoir éventuellement la date buttoir envisagée pour les rénovations des bâtiments locatifs en DPE E.
Ces mêmes professionnels avancent comme plus réaliste, la date de 2040.
Gageons qu’un accord collectif sera prochainement trouvé...